Le 1er webinaire de LINUT a eu lieu le 27 avril 2021. Il a permis aux professionnels d’améliorer leurs pratiques pour repérer les troubles de la déglutition et d’adopter la meilleure conduite à tenir pour faciliter la décision médicale.
Vous pouvez revoir le replay en cliquant ici
et télécharger le diaporama du Pr Jean Claude DESPORT, Médecin Nutritionniste et Président de LINUT
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Ces situations sont typiquement des situations à risque (voir Desport JC, Fayemendy P, Jésus P, Salle JY. Conduite à tenir devant des troubles de la déglutition. Nutr Clin Metabol 2014 ; 28 : 221-4.), donc oui le dépistage doit être fait. C’est d’ailleurs la plupart du temps le cas, ce sont les ORL ou les orthophonistes qui suivent le patient opéré qui s’en chargent.
La situation est à traiter au cas par cas. Ex : un patient peut avoir des troubles de déglutition à certains liquides, mais pas tous. Même chose pour les solides, ce qui fait que certains liquides et/ou solides peuvent être autorisés. On est alors dans une alimentation à texture modifiée à la carte. C’est d’ailleurs souvent ce qui est fait intuitivement dans les EHPAD (le résident tolère telle chose, mais pas telle autre), et ce qui est prescrit par l’orthophoniste ou le rééducateur. Cependant, pour certains patients, ce sont tous les liquides et tous les solides qui posent problème, et c’est alors une indication de nutrition exclusive par sonde (nutrition entérale). Celle-ci est parfois complémentaire et associée à des apports par la bouche, qui portent sur « ce qui passe », quand ces apports sont insuffisants pour couvrir les besoins des personnes.
Ce n’est alors probablement pas une question de texture, mais d’état neurologique. On est alors réduit aux moyens qui peuvent aider à la prise alimentaire quotidienne (multiplication de moments de prise alimentaire, enrichissement, assistance lors des repas, compléments nutritionnel oraux, manger-mains), ou bien il faut passer à la prise alimentaire par nutrition par sonde (nutrition entérale). S’il s’agit d’une personne avec un déficit cognitif grave, il n’y a plus de solution miracle, la nutrition entérale peut être contre-indiquée, et il faut entamer une discussion avec l’équipe soignante et les entourages de la personne.
Vous donnez vous-même la réponse à votre question : il faut aider et soutenir la personne pour ralentir la prise alimentaire (présence et aide à table, apport alimentaire par petites quantités + collations). Ceci dit, la question principale est : est-ce que cette prise rapide amène à des troubles de la déglutition (fausses routes) ou non. S’il n’y en a pas, la prise alimentaire rapide non dangereuse peut être à respecter.
Oui
Il ne reste alors que l’endoscopie par nasofibroscopie ORL, ou les tests neurologiques spécialisés réalisés soit par un médecin, soit par un orthophoniste.
Pour information, quelques tests qui peuvent être utilisés :
Practical Aspiration Screening Scheme (PASS), qui associe le test de DePippo et le test de Guinvarc’h et Salle, avec une sensibilité de 89% et une spécificité de 81% [4].
Guinvarch S, Preux PM, Salle JY, Desport JC, Daviet JC, Lissandre JP, Besombes G, Bessede JP, Dudognon P. Proposal for a predictive clinical scale in dysphagia. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord) 1998 ; 119 : 227-32.
Trapl M, Enderle P, Nowotny M, Teuschl Y, Matz K, Dachenhausen A, Brainin M. Dysphagia bedside screening for acute stroke-patients. The Gugging swallowing screen. Stroke 2007 ; 38 : 2948-52.
Antonios N, Carnaby-Mann G, Crary M, Miller L, Hubbard H, Hood K, Sambandam R, Xavier A, Silliman S. Analysis of a physician tool for evaluating dysphagia on an impatient stroke unit: the modified Mann assessment of swallowing ability. J Stroke Cereb Dis 2010 ; 19 : 49-57.
Zhou Z, Salle JY, Daviet JC, Stuit A, Nguyen CL. Combined approach in bedside assessment of aspiration risk post stroke: PASS. Eur J Phys Rehabil Med 2011 ; 47 : 441-6.